Megasushi, les Marco Polo de l’indie rock

Megasushi est certainement le groupe favori d’Antoine de Maximy. Avec leur concept à la « j’irai jouer chez vous », le quatuor indé s’est déjà expatrié bon nombre de fois hors des frontières françaises en s’offrant des tournées (à prendre dans les deux sens du terme) à travers l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord.
Marco et Kinky, respectivement chanteur et bassiste de Megasushi m’ont fait le plaisir de me présenter leur projet quelques jours après la sortie de leur nouvel EP « Superstitions and Calculation » qui cartonne actuellement sur iTunes.

  • Les débuts de Megasushi riment avec Erasmus. Comment est née cette complicité entre vous ?

Kinky : Bah non, ça rime pas, sinon ça ferait Megasushmus ou Erasushi, ce qui n’est pas très beau…
Marco : Plus sérieusement…je suis italien et j’ai étudié la médecine à Paris dans le cadre d’Erasmus en 2004-2005. Il y avait à ce moment-là la “french revolution” des baby rockers et j’avais personnellement déjà eu plusieurs expériences de groupes en Italie. Du coup, j’ai vite eu envie de monter un groupe sur Paris.  En plus, il y avait souvent des fêtes Erasmus où on pouvait jouer et donc tout s’est fait très vite.

  • Comment en arrive-t-on à opter pour « Megasushi » comme nom de groupe ? Quelle signification mettez-vous derrière celui-ci ?

Marco : Au début, on avait l’habitude de répéter dans une grosse boite insonorisée construite par nous même à partir de mousses de sièges d’un resto japonais situé en bas de chez moi, et qui rénovait ses locaux.
Cette grosse boite on l’appelait le « MEGASUSHI » et c’est resté !

  • Le line-up de Megasushi a récemment évolué. Qui sont les nouveaux arrivants ? Qui reste ? Qui est parti ?

Marco : Moi je suis le seul membre fondateur encore dans le groupe. Bruno, le batteur a quitté le groupe juste après nos concerts à New York en 2009, pour rejoindre la formation « Ichliebelove ».
Pour le remplacer, on a recruté Marius (également batteur de Birdy Hunt).
En 2010, JB, le bassiste, a lui aussi rejoint Ichliebelove. C’est Kinky qui a repris sa place pour un tour mythique en Chine et au Japon. Le dernier arrivant est Thomas aux claviers, pour la tournée en Italie en mars 2011.

  • Votre single « My House » change totalement d’univers musical vis-à-vis de ce qu’on connaissait avec votre premier album sorti en 2008. Comment avez-vous abordé ce virage musical vers un son moins pop rock et plus électro-rock ?

Marco : Ce qui est beau dans l’art en général et dans la musique en particulier, c’est le droit d’évoluer et de changer de goûts ou de styles.
C’est assez simple et compliqué à la fois, mais c’est ce genre d’ambitions artistiques qui nous a amenés à jouer de la “presque house”. Et puis, on est  toujours à la recherche de mélanges de genre.
Ceci dit,  “My house” n’est qu’un morceau de notre nouvelle ère artistique. On mélange aussi l’afro beat à la pop et à l’électro pure (voir Alien en featuring avec Fanny Games de Londres)
Kinky : Moi, j’ai toujours du mal à nous cataloguer de près ou de loin dans l’électro.
Certes, on utilise des claviers et des séquences, mais à mon goût, ça reste de la pop métissée, d’autres styles comme l’afro-beat en effet ou le rock.

  • Superstitions and Calculation est sorti il y a une semaine. Quel bilan pouvez-vous déjà tirer de cet EP ?

Marco : Une salle blindée pour la release party au Bus Palladium à Paris et plein de retours positifs de la part du public et des pros.
Avec, en plus, la bonne surprise d’avoir été en première page d’Itunes France à peine 2 jours après la sortie de l’EP. C’est très prometteur !
Kinky :J’ajouterais que, par rapport aux retours qu’on a pu avoir sur nos nouvelles chansons, on peut dire que le virage artistique est bien passé. Ce n’était pas sans risque. Les gens qui nous suivent étaient habitués à un style plus rock, et la plupart semble apprécier le nouveau style et le nouveau show live!

Superstitions and Calculation
  • Comment s’est passé l’enregistrement de ces quatre titres ?

Marco : On a travaillé séparément piste par piste pour privilégier un côté « electro » ou « digital » justement.

Et puis, Mazarine ( Olivia Ruiz, No One Is Innocent, Birdy Hunt) a mixé les titres pour un résultat final de qualité.  On a confié le mastering au talentueux Jean-Pierre Chalbos de La Source. On est très satisfait du résultat. Le dernier titre de l’EP, Alien, c’est un morceau composé à 4 avec nos potes les Fanny Games, un des groupes électro émergents en vogue à l’heure actuelle à Londres.

  • Si vous deviez résumer ce nouvel EP en cinq mots, lesquels seraient les plus à même de le faire selon vous ?

Marco : 5 mots avec le “e”: éclectique, extroverse, éloquent, ectopique et bien sûr efficace !
Kinky : moi j’opte pour le « a », c’est ma voyelle préférée: « audacieux », « arrache », « accessible », « ambivalent » et « abondant ». Ce dernier mot n’a rien à faire dans ce contexte, mais je l’aime bien alors je le place dès que possible

  • Un an et demi sans jouer en France ! Quel effet, ça fait de revenir jouer dans la ville où tout a démarré pour Megasushi ?

Marco : Ça fait toujours plaisir de jouer à Paris, surtout dans une belle salle comme le Bus Palladium. Ça faisait vraiment longtemps, au point que les deux nouveaux membres (Kinky et Thomas) n’avaient joué qu’à l’étranger avec le groupe!
Kinky : On avait hâte ! Mais attendre aussi longtemps a attisé notre excitation…

  • Avec le groupe, vous avez beaucoup tourné à l’étranger. Comment le public a-t-il accueilli votre musique à l’étranger ?

Marco : Très bien. On a eu la chance de se produire sur des scènes mythiques telles que the Annex à New York par exemple en 2009, quelques jours avant qu’un groupe alors inconnu, The Drums (qu’on adore !) fasse ses débuts sur la scène internationale.
À Sidney, on a joué au World Bar, salle de concert mythique sur 3 étages dans le quartier de King’s Cross, véritable lieu de rencontre de la nouvelle scène indie australienne.
En Chine, on s’est retrouvé sur une scène énorme pour une manifestation gouvernementale très étrange, en tant que guest band international.
En fin de compte, tourner aux quatre coins du globe, en nous confrontant à différents publics et groupes locaux nous a clairement fait avancer et nous a enrichi artistiquement.
Kinky : Oui, en Chine, c’était assez extraordinaire. On sent que les Chinois ont encore du mal à comprendre la musique européenne, mais qu’ils sont sur la voie et qu’ils ont envie!
Les groupes chinois, apparemment, pour le moment, pompent pas mal de groupes qui étaient en vogue en Europe et aux States il y a 15 ans, genre punk rock californien, etc.
Ce qui est marrant aussi, c’est comment a réagi le public à des choses qui nous paraissaient naturelles. Quand tu sors de scène, il faut que tu dises au revoir, sinon ils ne comprennent pas. Et ils n’ont apparemment pas trop la science du rappel… Je dis ça, mais en fait j’en sais rien, c’est ce que j’ai vu !
Par ailleurs, en Italie, le public a extrêmement bien réagi. On a vendu beaucoup de CD et on a été très flattés par les gens.

  • Quelles expériences gardez-vous de ces voyages ? Quelles villes ont été les plus marquantes pour vous durant ces dernières années ?

Marco : New York (surtout Brooklyn) et Londres restent les villes les plus riches et avant-gardistes artistiquement, à mon goût. Il y a notamment de vraies communautés d’artistes qui n’hésitent pas à se prêter leurs instruments, à se passer des tuyaux, à s’échanger les musiciens…. D’autres villes nous ont marqué aussi, notamment en Chine, à l’image de ce que vient de dire Kinky ; le public commence à se réveiller. C’est là que se passe la vraie révolution culturelle et sociale. On se sent un peu des pionniers d’avoir tourné en Chine, car d’ici à 10 ans ça va probablement être inondé de musique pop ! On a tellement d’histoires à raconter sur le tour chinois qu’il faudrait écrire un bouquin plutôt…
Kinky : …oui…enfin on pourrait pas tout raconter, ça serait risqué…
Pékin a été très marquant. On est resté là-bas trois jours, et on s’est éclaté.
C’est LA ville chinoise où tout va exploser.
Sinon, ça peut paraitre banal, mais les rencontres fabuleuses qu’on peut faire lors de nos tournées sont des souvenirs hors du commun. En Italie, on a tissé des liens avec beaucoup de monde. En Chine, la barrière de la langue ne nous a pas permis d’aller aussi loin. C’est dommage, il y aurait eu beaucoup de choses à en tirer.

  • Lors de ces concerts/tournées à l’étranger, cela vous arrive-t-il de vous dire, ce soir, je vais préparer une chanson dans la langue locale ?

Marco : Aaahhh en Chine, j’ai essayé de dire “Bonjour, nous sommes Megasushi et nous venons de Paris” en chinois. Fiasco!
Kinky : En Italie, j’ai essayé de dire « Piovo il governo ladro » (Il pleut, le gouvernement nous ment). Bah, raté! Paye ton accent français incompréhensible.

  • Y a-t-il des pays en particulier où vous seriez tentés d’aller pour défendre ce nouvel enregistrement sur scène ?

Kinky : Tout pays est bon à tenter. Je pense beaucoup à l’Allemagne, non seulement car Sankt Pauli (quartier populaire de Hambourg) est un lieu extraordinaire de débauche et d’ouverture d’esprit, mais aussi, car les Allemands sont plutôt cools. Je pense que notre musique pourrait marcher là bas.
Marco : On voudrait retourner en Chine et au Japon, certainement! Notre précédente tournée nous a marqués et on reste fasciné à l’idée d’y rejouer. Et c’est sûr qu’on ira en Amérique du Sud un jour, apparemment le public y est très chaleureux.

  • Quels sont vos projets pour les prochains mois concernant le groupe ?

Marco : On va défendre l’EP le plus possible en live, en France et à l’étranger. On va également sortir un autre clip d’un des morceaux de l’EP.
Le RDV avec une nouvelle sortie discographique ça va être pour bientôt, car on est déjà à l’attaque avec des nouvelles compositions.
Kinky : Des tournées incroyables, des rencontres, une nouvelle prise de risque artistique. On est tous d’accord là-dessus. Également trouver des tourneurs de qualité !

  • Avez-vous un groupe rencontré lors de vos tournées à l’étranger à faire découvrir aux lecteurs d’indiemusic ?

Marco : on a rencontré de très bons groupes. Je pense à deux en particulier : les Australiens de Sherlock’s Daughter et les Italo-londoniens de Fanny Games, dans deux registres complètement différents, mais très catchy. À ne pas manquer !

  • Une annonce à faire pour terminer cette belle entrevue ?

Marco : Oui. Suivez nos aventures les amis, un petit groupe peut faire de grandes choses. Cheers les amis d’indiemusic.
Kinky : Ouais, je suis célibataire depuis peu. Contactez-moi les filles !

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques